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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/123

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là… toujours là… doux, triste, résigné… et puis, quand il a fini de les sauver, car sauver l’enfant, c’est sauver la mère, il s’en va, fier, silencieux et réservé… heureux sans doute du bien qu’il a fait, mais semblant craindre l’ingratitude ou dédaigner la reconnaissance qu’il inspire…

La voix de Catherine devenait de plus en plus brève et plus saccadée ; j’étais enivré de ses paroles, mais elles me paraissaient presque arrachées à Catherine par une excitation fiévreuse ; elles contrastaient tant avec sa réserve habituelle, que je craignais que cette raison, jusqu’alors si ferme et si sereine, ne subit enfin la réaction tardive des effroyables secousses qui, depuis six semaines, l’avaient ébranlée…

« Catherine, Catherine ! — m’écriai-je, — vous aimez trop votre enfant pour que j’aie jamais pu douter de votre gratitude ! ma plus chère, ma plus précieuse récompense… »

Quoiqu’elle eut entendu ma réponse, puisqu’elle y fit allusion, Catherine reprit avec un accent de plus en plus passionné :

— Oh ! oui, oui ; dites-moi bien que le sentiment délicieux… invincible, qui me charme et qui m enivre à cette heure… c’est de la reconnaissance… dites-moi bien que rien n’est