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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/122

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désirerais vous trouver moins généreux. Car enfin… que dire d’une femme qui, rencontrant un ami sûr, discret, se laisse pendant six mois entourer par lui des soins les plus délicats, les plus assidus et les plus respectueux, qui le voit se dévouer aux moindres caprices d’un pauvre enfant souffrant… et puis qui, un jour, pour toute reconnaissance, et par le plus vain, le plus honteux des motifs, congédie brutalement cet ami… Et ce n’est pas tout, cette femme, dans une circonstance épouvantable, a de nouveau besoin de lui… lui seul peut sauver la vie de sa fille… elle l’appelle aussitôt, car elle sait qu’elle peut tout attendre de l’abnégation de ce cœur héroïque ; lui, sacrifiant tout, accourt à l’instant pour arracher l’enfant à la mort…

— Je vous en prie… ne parlons pas de ces tristes souvenirs… ne songeons qu’au bonheur présent, » lui dis-je…

Mais Catherine ne parut pas m’avoir entendu, et continua avec un degré croissant d’exaltation qui m’effraya :

« Et cela sans que cet ami si bon, si noble, ait jamais osé dire un mot qui put faire la moindre allusion à son admirable conduite ! Génie tutélaire de cette femme et de son enfant, quand tous deux souffrent… il se contente d’être