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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/146

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naissants, qui irritaient sans cesse la jalouse impatience de mon amour.

Notre bonheur avait été si complet au Bocage !  !… Saison enchanteresse, pays charmant, solitude profonde, mystérieuse et extrême liberté : tout avait été si adorablement réuni par le hasard, que la comparaison de ce passé au présent était un chagrin de tous les instants.

Mais ces regrets ne m’empêchaient pas de jouir des moments délicieux qui nous restaient. J’avais une foi profonde dans l’amour de madame de Fersen ; mes accès de défiance de moi et des autres n’avaient pu résister à l’influence de son noble caractère et à la conviction que j’avais cette fois de m’être conduit pour Catherine comme peu d’hommes se seraient conduits à ma place, et ainsi de mériter toute sa tendresse.

J’étais enfin si sûr de moi, que j’avais bravé certaines pensées d’analyse qu’autrefois j’aurais redoutées ; en un mot, j’avais impunément cherché quelle pouvait être l’arrière-pensée de l’amour de madame de Fersen ; et j’avoue que, la voyant très-grande dame, très-influente, fort riche et fort considérée, je ne pus, malgré toute ma sagacité inventive, malgré toutes les ressources de mon esprit soupçonneux, je ne