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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/152

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— Mon ami… parlez-vous sérieusement ? — me dit madame de Fersen avec une incertitude à la fois timide, craintive et un peu railleuse, qui m’eût paru charmante, si Catherine n’eût pas été désespérément belle, et si certaines contrariétés ne vous rendaient pas aussi fous que méchants. D’ailleurs la question de madame de Fersen m’exaspéra, car elle me fit apercevoir que ma colère était véritablement fort près d’être comique.

— Les cœurs dévoués, les esprits généreux devinent les impressions et n’interrogent pas… Si vous en êtes réduite à me demander ce que j’éprouve, je vous plains… Quant à moi, je suis plus pénétrant… et je ne comprends que trop… que vous ne n’aimez pas…

— Je ne vous aime pas ! — dit madame de Fersen en joignant les mains avec une stupéfaction douloureuse ; puis elle répéta de nouveau : — Je ne vous aime pas… vous médites cela… à moi ?…

— Si vous m’aimiez, vous me sacrifieriez tout cet entourage que je hais, parce qu’il me gène, parce qu’il est inutile, parce qu’il vous oblige à fausser votre esprit. Si vous m’aimiez enfin, vous sacrifieriez la satisfaction de votre amour-propre à mon bonheur.