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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/177

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Jamais je n’oublierai

Et pourtant de nouvelles joies ont fait évanouir ces chagrins… de nouveaux chagrins ont fait pâlir ces joies…

Et pourtant chaque jour l’oubli, cette vague sombre et froide, monte, monte… et engloutit dans le noir abime du passé les souvenirs décolorés par le temps.

Ma mère !… mon père !… Hélène !… Marguerite ! … Catherine !… vous à qui j’ai dû tant de peines et tant de félicités ! L’espace ou la tombe nous séparent ; à peine ai-je maintenant une pensée pour vous !…

Et sans doute il en sera de même, hélas ! des sentiments, des impressions qui à cette heure occupent mon esprit.

Et pourtant, à cette heure, je ne puis m’empêcher de croire à leur longue durée.

Ah ! mon père… mon père !… vous me disiez une bien terrible, une bien menaçante vérité, en m’affirmant que l’oubli était la seule réalité de la vie !

.........................

Je vais donc rouvrir ce journal que je croyais à tout jamais fermé…

Je croyais aussi mon cœur à tout jamais fermé aux impressions tendres et heureuses.