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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/189

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Contre l’habitude des jeunes filles, Marie avait pris très au sérieux l’excellente éducation qu’on donne ordinairement dans les établissements tels que celui de Saint-Denis. Avide de savoir, elle n’avait négligé aucun des enseignements, aucun des arts utiles ou agréables qu’on professait dans cette institution : aussi, cette heureuse nature ainsi cultivée s’était-elle admirablement développée.

À une instruction solide, étendue, variée, elle joignait une vocation très-heureuse pour les arts. Mais Marie semblait ignorer ce qu’il y avait de charmant dans le rare assemblage de ces dons si divers ; elle n’en ressentait pas d’orgueil, mais une naïve satisfaction de pensionnaire, et me parlait quelquefois de ses succès passés en histoire, en peinture ou en musique, comme d’autres femmes de leurs triomphes de coquetterie.

Marie avait dix-huit ans, et l’heureuse et mobile imagination d’un enfant. Quand elle fut en confiance avec moi, je la trouvai simple, bonne et gaie, de cette gaieté naïve et douce qui naît de la sérénité de l’âme et des habitudes d’une vie calme, intelligente et noblement occupée. Plus j’étudiais ce caractère ingénu, plus je m’y attachais. Je n’éprouvais pas pour Marie