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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/190

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un amour violent et agité ; mais lorsque j’étais près d’elle, je ressentais un bien-être si profond, si suave, que je regrettais peu les émotions tumultueuses de la passion.

Chose étrange, quoique Marie fût de la plus angélique beauté, quoique sa taille fût charmante, j’étais beaucoup plus occupé de son esprit, de sa candeur, des mille aspirations de sa jeune âme, que de la perfection de ses traits. Jamais je ne lui avais fait le moindre compliment sur sa figure, tandis que je ne lui cachais pas l’intérêt infini que m’inspiraient ses talents et son naturel exquis.

Quoiqu’elle fût mariée, il régnait en elle un charme mystérieux et virginal qui m’imposait tellement, que j’étais auprès d’elle d’une timidité singulière.

Madame Kerouët, tante de Marie, était une femme d’un rare bon sens, d’un esprit droit et d’un cœur parfait. Sa piété à la fois douce et fervente lui inspirait les œuvres les plus charitables ; jamais un pauvre ne sortait de la ferme sans un léger secours et sans quelques paroles encourageantes, plus précieuses encore peut-être que l’aumône. Peu à peu je découvrais dans cette femme excellente des trésors de sensibilité et de vertu pratique. Sa conversation