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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/199

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touchait profondément ; et puis ce qui me prouvait la pureté des sentiments de ces deux femmes et leur généreuse confiance en moi, c’est que jamais il ne leur était venu à l’esprit que la fréquence de mes visites pourrait les compromettre. Ma venue leur plaisait ; j’animais, j’égayais leur solitude ; et si je les remerciais avec effusion de toutes leurs bontés pour moi, madame Kerouët me disait naïvement : — N’est-ce pas à nous, pauvres fermières, d’être reconnaissantes de ce que vous venez, vous, monsieur, un artiste (je passais pour un peintre ), nous aider à passer nos longues soirées d’hiver, en faisant pour cela presque tous les jours trois lieues pour venir et trois lieues pour vous en aller… et encore par des temps affreux ? Tenez, monsieur Arthur, — ajoutait cette excellente femme, — je ne sais pas comme cela s’est fait, mais maintenant vous êtes comme de notre famille, et s’il fallait renoncer à vous voir, nous en serions bien malheureuses et bien tristes, n’est-ce pas, Marie ?

— Oh ! certainement, ma tante, — disait Marie avec une adorable candeur.

J’avais su que Marie manquait de livres : elle parlait à merveille italien et anglais ; je fis acheter à Paris une bibliothèque complète, en