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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/61

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— Vous voyez donc bien ! — s’écria le ministre, — c’est toujours la même chose ; seulement, dans les sociétés modernes, l’art de plaire a dû remplacer la séduction opérée par l’argent.

— C’est d’abord plus économique, — lui dis-je.

— Et plus sur, — ajouta-t-il ; — car enfin tous les trônes ne sont pas représentatifs : il y a, Dieu merci ! en Europe des rois qui sont rois tout seuls, et qui marchent sans lisières ; eh bien ! ces rois-là sont hommes, après tout, et, comme hommes, ils sont sujets aux sympathies et aux antipathies. Or, souvent l’ambassadeur qu’on leur envoie, fût-il un homme du plus grand génie, du plus grand caractère, n’obtient rien de ce qu’il leur demande pour sa cour ; et pourquoi cela ? tout bonnement parce qu’il déplait ; tandis qu’au contraire, un homme d’un talent médiocre obtiendra souvent, par le seul ascendant de ses manières, parce qu’il saura plaire, enfin, obtiendra, dis-je, ce que l’homme de génie n’aura pas su obtenir.

— C’est très-juste, et votre système est d’une application d’autant plus facile que les gens de plaisance sont encore plus nombreux que les hommes de génie…