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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/67

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bâtiment attend… et il faudrait partir dans le plus bref délai. »

Mon hilarité intérieure était au comble en entendant le ministre me proposer sérieusement de m’en aller immédiatement essayer mon art de plaire sur le shah de Perse, à propos d’une mission de la plus ridicule insignifiance, quoique M. de Serigny eut tâché de lui donner un magnifique relief.

Le ministre attendait ma réponse avec une anxiété visible.

J’eus presque un remords de faire jouer à un homme de son âge et de sa condition un rôle si niais en prolongeant davantage cette comédie.

Pourtant cette proposition, tout inacceptable qu’elle était, avait éveillé en moi certaines pensées endormies. Malheureux dans mon affection pour madame de Fersen, sachant qu’il me serait impossible pendant quelque temps de m’occuper d’un autre amour, redoutant surtout l’oisiveté, je résolus d’utiliser, si je pouvais y réussir, le bon vouloir de M. de Serigny.

« Monsieur, — lui dis-je, — bien que nos âges soient disproportionnés, voulez-vous me permettre, à mon tour, de vous parler avec la plus