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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/74

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quoique profond, n’était pas sans une sorte de douceur que je ne connaissais pas encore.

J’avais la conscience de m’être noblement conduit envers Catherine, de ne pas mériter les injustes rigueurs dont elle m’accablait, et je puisais dans cette conviction consolante une fière et courageuse résignation.

J’ai toujours hardiment envisagé les phases les plus cruelles de ma vie. Il ne me restait aucun espoir d’être jamais aimé de madame de Fersen. Je rassemblai donc religieusement dans mon cœur et dans ma mémoire les moindres traces de cet amour ineffable, comme on conserve les restes précieux et sacrés d’un être qui n’est plus, pour venir chaque jour les contempler avec une tristesse rêveuse, et leur demander le charme mélancolique des souvenirs.

Pourtant, ne voulant pas me laisser abattre, et espérant trouver quelque distraction dans le travail, j’allai assidûment chez M. de Serigny.

C’était véritablement un excellent homme.

Il se montra pour moi plein de bienveillance. Sans doute informé de ma réserve habituelle, il me donna bientôt une marque de flatteuse confiance en me chargeant de faire un résumé clair et succinct de sa correspondance diplo-