Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/157

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Nous dirons bientôt la cause édifiante de cette légère recrudescence de coquetterie mondaine.

La princesse, suivie de madame Grivois, sa femme de charge, donnait ses derniers ordres, relativement à quelques préparatifs qui se faisaient dans un vaste salon. Au milieu de cette pièce, était une grande table ronde, recouverte d’un tapis de velours cramoisi et entourée de plusieurs chaises, au milieu desquelles on remarquait, à la place d’honneur, un fauteuil de bois doré.

Dans l’un des angles du salon, non loin de la cheminée, où brûlait un excellent feu, se dressait une sorte de buffet improvisé ; l’on y voyait les éléments variés de la plus friande, de la plus exquise collation. Ainsi, sur des plats d’argent, là s’élevaient en pyramides les sandwichs de laitances de carpe au beurre d’anchois, émincées de thon mariné et de truffes de Périgord (on était en carême) ; plus loin, sur des réchauds d’argent à l’esprit-de-vin, afin de les conserver bien chaudes, des bouchées de queues d’écrevisses de la Meuse à la crème cuite fumaient dans leur pâte feuilletée, croustillante et dorée, et semblaient défier en excellence, en succulence, de petit pâtés aux huîtres de Marennes, étuvées dans du vin de Madère et