Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/167

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queues d’écrevisses, c’est seulement ainsi que la charité a un sens ; je me soucie peu que l’impiété ait faim ;… la piété… c’est différent.

Et le prélat avala prestement la bouchée.

— Du reste, reprit-il, nous savons aussi avec quel zèle ardent vous poursuivez inexorablement les impies et les rebelles à l’autorité de notre saint-père.

— Votre Éminence peut être convaincue que je suis romaine de cœur, d’âme et de conviction ; je ne fais aucune différence entre un gallican et un Turc, dit bravement la princesse.

— Madame la princesse a raison, dit l’évêque belge ; je dirai plus, un gallican doit être plus odieux à l’Église qu’un païen, et je suis à ce sujet de l’avis de Louis XIV. On lui demandait une faveur pour un homme de sa cour.

« — Jamais, dit le grand roi, cet homme-là est janséniste.

« — Lui, sire ? il est athée.

« — Alors, c’est différent, j’accorde la faveur, » dit le roi.

Cette petite plaisanterie épiscopale fit assez rire. Après quoi le père d’Aigrigny reprit sérieusement en s’adressant au cardinal :

— Malheureusement, ainsi que je le dirai tout à l’heure à Votre Éminence à propos de