Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/168

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l’abbé Gabriel, si l’on n’y veillait fort, le bas clergé s’infecterait de gallicanisme et d’idées de rébellion contre ce qu’ils appellent le despotisme des évêques.

— Pour obvier à cela, reprit durement le cardinal, il faut que les évêques redoublent de sévérité et qu’ils se souviennent toujours qu’ils sont Romains avant d’être Français, car en France ils représentent Rome, le saint-père et les intérêts de l’Église, comme un ambassadeur représente à l’étranger son pays, son maître et les intérêts de sa nation.

— C’est évident, dit le père d’Aigrigny ; aussi espérons que, grâce à l’impulsion vigoureuse que Votre Éminence vient de donner à l’épiscopat, nous obtiendrons la liberté d’enseignement. Alors au lieu de jeunes Français infectés de philosophie et de sot patriotisme, nous aurons de bons catholiques romains, bien obéissants, bien disciplinés, qui deviendront ainsi les respectueux sujets de notre saint-père.

— Et de la sorte, dans un temps donné, reprit l’évêque belge en souriant, si notre saint-père voulait, je suppose, délier les catholiques de France de leur obéissance au pouvoir existant, il pourrait, en reconnaissant un autre pouvoir, lui assurer ainsi un parti catholique considérable et tout formé.