Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/269

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accomplie, on pouvait donc se retirer avec les honneurs de la guerre. Au moment où une partie des assistants se trouvaient encore dans la salle, une clameur d’abord lointaine, mais qui bientôt se rapprocha, éclata sur le parvis Notre-Dame avec une furie incroyable.

Jacques avait été descendu jusqu’à la porte extérieure de la taverne ; Morok et Nini-Moulin, tâchant de se frayer un passage à travers la foule afin d’arriver jusqu’à l’Hôtel-Dieu, précédaient le brancard improvisé.

Bientôt un violent reflux de la foule les força de s’arrêter, et un redoublement de clameurs sauvages retentit à l’autre extrémité de la place, à l’angle de l’église.

— Qu’y a-t-il donc ? demanda Nini-Moulin à un homme à figure ignoble qui sautait devant lui. Quels sont ces cris ?

— C’est encore un empoisonneur que l’on écharpe comme celui dont on vient de jeter le corps à l’eau…, reprit l’homme. Si vous voulez jouir, suivez-moi, ajouta-t-il, et jouez des coudes… sans cela nous arriverons trop tard

À peine ce misérable avait-il prononcé ces mots, qu’un cri affreux retentit au-dessus du bruissement de la foule que traversaient à grand’peine les porteurs du brancard de Couche-tout-Nu, précédé de Morok. Céphyse avait