Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/333

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donnera un mouvement circulaire de quelques instants, de sorte que le numéro sur lequel s’arrêtera la sainte mère du Sauveur sera le gagnant[1].

— Ah ! c’est vraiment charmant ! dit l’autre père, l’idée est remplie d’à-propos… j’ignorais ce détail… Mais savez-vous combien coûtera l’ostensoir dont cette loterie est destinée à payer les frais ?

— Le père procureur m’a dit que l’ostensoir, y compris les pierreries, ne reviendrait pas à moins de trente-cinq mille francs… sans compter le vieux, que l’on a repris seulement pour le poids de l’or… évalué, je crois, à neuf mille francs.

— La loterie doit rapporter quarante mille francs ; nous sommes en mesure, reprit l’autre révérend père. Au moins notre chapelle ne sera pas éclipsée par le luxe insolent de celle de messieurs les Lazaristes.

  1. Cette ingénieuse parodie du procédé de la roulette et du biribi, appliquée à un simulacre de la Vierge, a eu lieu pour le tirage d’une loterie religieuse, il y a six semaines, dans un couvent de femmes. Pour les croyants, ceci doit être monstrueusement sacrilège ; pour les indifférents, c’est d’un ridicule déplorable, car de toutes les traditions, celle de Marie est une des plus touchantes et des plus respectables.