Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/546

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éloignement ou distraction de la part du prince ? Telles étaient les questions que se posait le métis avec une angoisse croissante, car les desseins dont il était l’instrument le plus actif, le plus immédiat, pouvaient être ruinés au moindre soupçon de Djalma.

— Oh !… les heures… les heures… qu’elles sont lentes !… s’écria tout à coup le jeune Indien d’une voix basse et palpitante.

— Les heures… sont bien longues, disiez-vous avant-hier encore, monseigneur…

Et, en prononçant ces mots, Faringhea s’approcha de Djalma afin d’attirer son attention. Voyant qu’il n’y réussissait pas, il fit quelques pas de plus, et reprit :

— Votre joie semble bien grande, monseigneur ; faites-en connaître le sujet à votre pauvre et fidèle serviteur, afin qu’il puisse s’en réjouir avec vous.

S’il avait entendu les paroles du métis, Djalma n’en avait écouté aucune ; il ne répondit pas ; ses grands yeux noirs nageaient dans le vide ; il semblait sourire avec adoration à une vision enchanteresse, les deux mains croisées sur sa poitrine, ainsi que les placent pour prier les gens de son pays.

Après quelques instants de cette sorte de contemplation, il dit :