Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/133

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tout ce que vous me dites m’intéresse… Mon entretien avec l’abbé Gabriel a été brusquement interrompu, et en vous écoutant il me semble entendre continuer le développement de ses pensées… Parlez donc, je vous en conjure.

— De tout mon cœur, car je voudrais que l’enseignement que j’ai puisé, grâce à notre angélique abbé, dans la conversion de M. de Rancé, vous fût aussi profitable qu’il me l’a été.

— C’est aussi l’abbé Gabriel… ?

— Qui, à l’appui de ses exhortations, m’a cité cette espèce de parabole, répondit Rodin. Eh ! mon Dieu, monsieur, tout ce qui a retrempé, raffermi, rassuré mon pauvre vieux cœur à moitié brisé… n’est-ce pas à la consolante parole de ce jeune prêtre que je le dois ?

— Alors, je vous écoute avec un double intérêt.

— M. de Rancé était un homme du monde, reprit Rodin en observant attentivement M. Hardy, un homme d’épée, jeune, ardent et beau ; il aimait une jeune fille de haute condition. Quels empêchements s’opposaient à leur union ? Je l’ignore ; mais cet amour était demeuré caché et il était heureux : chaque soir, par un escalier dérobé, M. de Rancé se rendait auprès de sa maîtresse. C’était, dit-on, un