Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/150

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haute gravité, et lui confier les pénibles appréhensions que lui causait la tristesse croissante de ses deux filles, tristesse dont il ne pouvait pénétrer les causes.

On se souvient que le maréchal Simon professait pour la mémoire de l’empereur un culte religieux ; sa reconnaissance envers son héros avait été sans bornes, son dévouement aveugle, son enthousiasme appuyé sur le raisonnement, son affection aussi profonde que l’amitié la plus sincère, la plus passionnée.

Ce n’était pas tout.

Un jour l’empereur, dans une effusion de joie et de tendresse paternelle, conduisant le maréchal auprès du berceau du roi de Rome endormi, lui avait dit en lui faisant orgueilleusement admirer la suave beauté de l’enfant :

— Mon vieil ami, jure-moi de te dévouer au fils comme tu t’es dévoué au père.

Le maréchal Simon avait fait et tenu ce serment.

Pendant la Restauration, chef d’une conspiration militaire tentée au nom de Napoléon II, il avait essayé, mais en vain, d’enlever un régiment de cavalerie alors commandé par le marquis d’Aigrigny ; trahi, dénoncé, le maréchal, après un duel acharné avec le futur jésuite, était parvenu à se réfugier en Pologne,