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Puis, d’un geste lui montrant un des portraits suspendus derrière elle, Adrienne ajouta, comme s’il s’était agi d’une présentation :

— Prince,… ma mère…

Par une pensée d’une rare délicatesse, Adrienne faisait, pour ainsi dire, assister sa mère à son entretien avec Djalma.

C’était se sauvegarder, elle et le prince, contre les séductions d’une première rencontre d’autant plus entraînante que tous deux se savaient éperdument aimés ; que tous deux étaient libres… et n’avaient à répondre qu’à Dieu des trésors de bonheur et de volupté dont il les avait si magnifiquement doués.

Le prince comprit la pensée d’Adrienne ; aussi, lorsque la jeune fille lui eut indiqué le portrait de sa mère, Djalma, par un mouvement spontané, rempli de charme et de simplicité, s’inclina, en pliant un genou devant le portrait, et dit d’une voix douce et mâle en s’adressant à cette peinture :

— Je vous aimerai, je vous bénirai comme ma mère. Et ma mère aussi, dans ma pensée, sera là, comme vous, à côté de votre enfant…

On ne pouvait mieux répondre au sentiment qui avait engagé mademoiselle de Cardoville à se mettre pour ainsi dire sous la protection de sa mère ; aussi, de ce moment, rassurée sur