Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/203

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— Il m’est arrivé… qu’on me méprise, qu’on me dédaigne.

— Vous… vous…

— Oui, moi ; et après tout, reprit le maréchal avec amertume, pourquoi te cacher cette nouvelle blessure ? J’ai douté de toi, je te dois un dédommagement, apprends donc tout : depuis quelque temps, je m’en aperçois, lorsque je les rencontre, mes anciens compagnons d’armes s’éloignent peu à peu de moi…

— Comment… cette lettre anonyme de tout à l’heure… c’était à cela…

— Qu’elle faisait allusion… oui… Et elle disait vrai, reprit le maréchal, avec un soupir de rage et d’indignation.

— Mais c’est impossible, mon général ; vous si aimé, si respecté…

— Tout cela, ce sont des mots ; je te parle de faits, moi ; quand je parais, souvent l’entretien commencé cesse tout à coup ; au lieu de me traiter en camarade de guerre, on affecte envers moi une politesse rigoureusement froide ; ce sont enfin mille nuances, mille riens qui blessent le cœur, et dont on ne peut se formaliser…

— Ce que vous me dites là… mon général, me confond, reprit Dagobert atterré. Vous me l’assurez ;… je dois vous croire…