Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/207

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moignaient, tandis qu’auprès de moi elles semblent toujours craintives. Si leurs figures mélancoliques s’animent quelquefois d’une expression un peu plus gaie que d’habitude, c’est en vous parlant, c’est en vous voyant ; tandis que pour moi il n’y a que respect, contrainte, froideur… et cela me tue… Sûr de l’affection de mes enfants, j’aurais tout bravé… tout surmonté…

Puis, voyant Dagobert s’élancer vers la porte qui communiquait dans la chambre de Rose et de Blanche, le maréchal lui dit :

— Où vas-tu ?

— Chercher vos filles, mon général.

— Pourquoi faire ?

— Pour les mettre en face de vous, pour leur dire : « Mes enfants, votre père croit que vous ne l’aimez pas… » Je ne leur dirai que cela… et vous verrez…

— Dagobert ! je vous le défends, s’écria vivement le père de Rose et de Blanche.

— Il n’y a pas de Dagobert qui tienne… Vous n’avez pas le droit d’être injuste envers ces pauvres petites.

Et le soldat fit de nouveau un pas vers la porte.

— Dagobert, je vous ordonne de rester ici, s’écria le maréchal.