Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/281

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— Je vous dis que vous ne sortirez pas…, reprit le soldat en frappant du pied avec impatience.

— Mon ami, reprit Blanche d’un air non moins résolu que sa sœur, et avec une sorte d’exaltation qui colora son charmant visage d’un vif incarnat, notre père, en nous quittant, nous a donné un admirable exemple de dévouement au devoir ;… il ne nous pardonnerait pas d’avoir oublié sa leçon.

— Comment ! s’écria Dagobert hors de lui en s’avançant vers les deux sœurs pour les empêcher de sortir, vous croyez que si votre gouvernante avait le choléra, je vous laisserais aller près d’elle sous prétexte de devoir ?… Votre devoir est de vivre, et de vivre heureuses pour votre père… et pour moi, par-dessus le marché… Ainsi, plus un mot de cette folie.

— Nous ne courons aucun danger à aller auprès de notre gouvernante dans sa chambre, dit Rose.

— Et y eût-il du danger, ajouta Blanche, nous ne devrions pas non plus hésiter. Ainsi, Dagobert, sois bon… laisse-nous passer.

Tout à coup Rodin, qui avait écouté ce qui précède avec une attention de plus en plus méditative, tressaillit, son œil brilla, et un éclair de joie sinistre illumina son visage.