Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/280

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parler devant les jeunes filles de la maladie de leur gouvernante ; le niais supposé avait, à tout hasard, fait le contraire de l’ordre qu’on lui donnait).

Rose, se rapprochant vivement du soldat, lui dit :

— Est-il vrai, mon Dieu ! que cette pauvre madame Augustine soit attaquée du choléra ?

— Non… je ne sais pas… je ne crois pas,… répondit le soldat avec hésitation ; d’ailleurs que vous importe ?…

— Dagobert… tu veux nous cacher… un malheur, dit Blanche. Je me souviens maintenant de ton embarras lorsque, tout à l’heure, tu nous parlais de notre gouvernante.

— Si elle est malade… nous ne devons pas l’abandonner ; elle a eu pitié de nos chagrins ; nous devons avoir pitié de ses souffrances.

— Viens, ma sœur… allons dans sa chambre, dit Blanche en faisant un pas vers la porte où Rodin s’était arrêté, prêtant une attention croissante à cette scène imprévue qui semblait le faire profondément réfléchir.

— Vous ne sortirez pas d’ici, dit sévèrement le soldat s’adressant aux deux sœurs.

— Dagobert, dit Blanche avec fermeté, il s’agit d’un devoir sacré, il y aurait lâcheté à y manquer.