Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/306

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— Oui, oui, s’écria la princesse avec un entraînement calculé, on peut en être fière, car c’est au nom de l’humanité, c’est au nom du Seigneur qu’il les accorde… ces louanges, et l’on dirait que Dieu parle par sa bouche inspirée.

— Madame, dit vivement Rose, dont le cœur battait d’enthousiasme aux paroles de la dévote, nous n’avons plus notre mère ; notre père est absent… vous avez une si belle âme, un si noble cœur, que nous ne pouvons mieux nous adresser qu’à vous… pour demander conseil…

— Quel conseil, ma chère enfant ? dit madame de Saint-Dizier d’une voix insinuante ; oui… ma chère enfant, laissez-moi vous donner ce nom, plus en rapport avec votre âge et le mien…

— Il nous sera doux aussi de recevoir ce nom de vous, madame, reprit Blanche.

Puis elle ajouta :

— Nous avions une gouvernante : elle nous a toujours témoigné le plus vif attachement ; cette nuit, elle a été frappée du choléra…

— Oh ! mon Dieu ! dit la dévote, feignant le plus touchant intérêt ; et comment va-t-elle ?

— Hélas, madame, nous l’ignorons !

— Comment ! vous ne l’avez pas encore vue ?

— Ne nous accusez pas d’indifférence ou