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de toute nature affluaient dans ces succursales ; mais des personnes de toutes conditions, gens du monde, ouvriers, industriels, artistes[1], s’y organisaient en service de jour et de nuit, afin de pouvoir établir l’ordre, exercer une active surveillance dans ces hôpitaux improvisés, et venir en aide aux médecins pour exécuter les prescriptions à l’égard des cholériques.

Des femmes de toutes conditions partageaient cet élan de généreuse fraternité pour le malheur, et si rien n’était plus respectable que les susceptibilités de la modestie, nous pourrions citer, entre mille, deux jeunes et charmantes femmes dont l’une appartenait à l’aristocratie et

  1. Parmi ceux-ci, nous sommes heureux de pouvoir citer M. Froment-Meurice qui a bien voulu nous communiquer des documents statistiques des plus curieux sur l’épidémie, et qui, l’un des premiers, concourut à organiser, dans le quartier de l’Hôtel de Ville, l’un des plus décimés par la contagion, un service d’ambulance qui rendit d’immenses services à la classe pauvre. Si nous classons M. Froment-Meurice parmi les artistes, c’est qu’ayant fait faire un grand pas à l’orfèvrerie, et excellent ciseleur lui-même, il peut, grâce au fini, au goût, à l’originalité charmante, ou au grand caractère de ses œuvres, prétendre au surnom de Benvenuto français. Nous regrettons de ne pouvoir citer, à l’appui de cette justice rendue à un rare talent, les beaux vers adressés à M. Froment-Meurice par M. Victor Hugo, vers qui, d’ailleurs, paraîtront prochainement.