Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/405

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à un chat, comme un collier à un poisson… Allons… il n’y a rien là…

À peine Rodin avait-il prononcé ces mots, qu’il tressaillit ; sa figure rayonna d’abord d’une joie sinistre… puis elle prit bientôt une expression d’étonnement méditatif, ainsi que cela arrive lorsque le hasard apporte au savant surpris et charmé quelque découverte imprévue.

Bientôt, le front haut, l’œil découvert, étincelant, ses joues flasques et creuses palpitantes sous une sorte de gonflement orgueilleux, Rodin se redressa, croisa ses bras avec une indicible expression de triomphe, et s’écria :

— Oh ! c’est quelque chose de beau, d’admirable, de merveilleux, que les mystérieuses évolutions de l’esprit… que les incompréhensibles enchaînements de la pensée humaine… qui partent souvent d’un mot absurde pour aboutir à une idée splendide, lumineuse, immense… Est-ce infirmité ? est-ce grandeur ? Étrange… étrange… étrange… Voici que je compare cette rousse à une colombe… cette comparaison me rappelle cette mégère qui a trafiqué du corps et de l’âme de tant de créatures… De vulgaires dictons me viennent à l’esprit… une bague à un chat… un collier à un poisson… Et tout à coup de ce mot col-