Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/406

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lier… la lumière jaillit à ma vue, et éclaire les ténèbres où je m’agitais en vain depuis longtemps en songeant à ces amoureux invulnérables… Oui, ce seul mot : collier, a été la clef d’or qui vient d’ouvrir une case de mon cerveau, bêtement bouchée depuis je ne sais quand…

Et après avoir marché avec une nouvelle précipitation, Rodin reprit :

— Oui… c’est à tenter ;… plus j’y réfléchis, plus ce projet me semble possible… Seulement, cette mégère de Sainte-Colombe… par quel intermédiaire ?… Mais ce gros drôle… ce Jacques Dumoulin… bien ;… l’autre ?… l’autre… où la trouver ?… puis comment la décider ?… là est la pierre d’achoppement ;… allons, je m’étais trop hâté de crier victoire.

Et Rodin se mit à se promener çà et là, en rongeant ses ongles d’un air violemment préoccupé ; pendant quelques moments, la tension de son esprit fut telle, que de grosses gouttes de sueur perlèrent son front jaune et sordide ; et le jésuite allait, venait, s’arrêtait, frappait du pied ;… tantôt levant les yeux au ciel pour y chercher une inspiration, tantôt, pendant qu’il rongeait les ongles de sa main droite, grattant son crâne de sa main gauche ; enfin, de temps à autre il laissait échapper des excla-