Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/407

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mations de dépit, de colère ou d’espoir tour à tour naissant et déçu.

Si la cause de la préoccupation de ce monstre n’avait pas été horrible, c’eût été un spectacle curieux, intéressant, que d’assister invisible à l’enfantement de ce puissant cerveau en travail… que de suivre pour ainsi dire une à une sur ce visage impressionnable toutes les péripéties bonnes ou mauvaises de l’éclosion du projet sur lequel il concentrait toutes les ressources, toute la puissance de sa forte intelligence.

Enfin, l’œuvre parut avancer et devoir bientôt s’accomplir, car Rodin reprit :

— Oui… oui… c’est risqué, c’est hardi, c’est aventureux ; mais c’est prompt… et les conséquences peuvent être incalculables… Qui peut prévoir les suites de l’explosion d’une mine ?

Puis, cédant à un mouvement d’enthousiasme qui lui était peu naturel, le jésuite s’écria, le regard rayonnant :

— Oh ! les passions !… les passions !… quel magnifique clavier… pour qui sait promener sur ses touches une main légère, habile et vigoureuse ! Mais que c’est beau, le pouvoir de la pensée !… mon Dieu ! que c’est donc beau !… Que l’on vienne, après cela, parler des merveilles du gland qui devient chêne, du grain de blé