Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/424

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utile et se formulerait par quelque belle et bonne donation à leur compagnie, les révérends pères se faisaient fort de renvoyer Lucifer à ses fourneaux, et de garantir à la Sainte-Colombe, toujours moyennant valeur mobilière ou immobilière, une bonne place parmi les élus.

Malgré l’efficacité ordinaire de ces moyens, cette conversion avait présenté de nombreuses difficultés. La Sainte-Colombe, sujette de temps à autre à de terrible retours de jeunesse, avait usé deux ou trois directeurs. Enfin, brodant sur le tout, Nini-Moulin, qui convoitait sérieusement la fortune et forcément la main de cette créature, avait quelque peu nui aux projets des révérends pères.

Au moment où l’écrivain religieux se rendait auprès de la Sainte-Colombe comme mandataire de Rodin, elle occupait un appartement au premier, rue de Richelieu ; car, malgré ses velléités de retraite, cette femme trouvait un plaisir infini au tapage assourdissant, à l’aspect tumultueux d’une rue passante et populeuse. Ce logis était richement meublé, mais presque toujours en désordre, malgré les soins ou à cause des soins de deux ou trois domestiques, avec qui la Sainte-Colombe fraternisait tour à tour de la façon la plus touchante, ou querellait avec furie.