Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/439

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qui aiment vaillamment ne montrent jamais cette outrageante méfiance ;… pour elles, un mot de l’homme qu’elles adorent est un ordre ;… elles ne se marchandent pas, pour se donner le cruel plaisir d’exalter la passion de leur amant jusqu’au délire, et de le dominer ainsi plus sûrement… Non, non, ce que leur amant leur demande, dût-il leur coûter la vie, l’honneur… elles l’accordent parce que, pour elles, le désir, la volonté de leur amant est au-dessus de toute considération divine et humaine… Mais ces femmes… et celle qui me fait souffrir est de ce nombre… ces femmes rusées qui mettent leur méchant orgueil à dompter l’homme, à l’asservir, plus il est fier et impatient du joug, ces femmes qui se plaisent à irriter en vain sa passion, en semblant parfois sur le point d’y céder… ces femmes sont des démons ;… elles se réjouissent dans les larmes, dans les tourments de l’homme fort qui les aime avec la malheureuse faiblesse d’un enfant… Tandis que l’on meurt d’amour à leurs pieds, ces perfides créatures, dans leurs blessantes méfiances, calculent habilement la portée de leur refus, car il ne faut pas tout à fait désespérer sa victime… Oh ! qu’elles sont froides et lâches auprès de ces femmes passionnées, valeureuses, qui, éperdues, folles d’amour, disent à l’homme qu’elles