Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/438

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repentir, à l’affection que tu me témoignes chaque jour… Rappelle-toi que moi aussi j’ai cru que l’ange qui est maintenant ma vie ne m’aimait pas… et pourtant cela était faux… Qui te dit que tu n’es pas, comme je l’étais, abusé par de fausses apparences ?…

— Hélas ! monseigneur… je le voudrais croire… mais je n’ose l’espérer ;… dans ces incertitudes, ma tête s’est perdue, je suis incapable de prendre une résolution, et je viens à vous, monseigneur.

— Mais qui a fait naître tes soupçons ?…

— Sa froideur, qui parfois succède à une apparente tendresse. Le refus qu’elle me fait au nom de ses devoirs,… et puis…

Mais le métis ne continua pas, parut céder à une réticence, et ajouta, après quelques minutes de silence :

— Enfin, monseigneur, elle raisonne son amour… preuve qu’elle ne m’aime pas ou qu’elle ne m’aime plus.

— Elle t’aime peut-être davantage, au contraire, si elle raisonne l’intérêt, la dignité de son amour.

— C’est ce qu’elles disent toutes, reprit le métis avec une ironie sanglante, en attachant un regard profond sur Djalma ; du moins ainsi parlent celles qui aiment faiblement ; mais celles