Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/480

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chant, si passionné… Adrienne, avec cet admirable courage que les femmes seules possèdent dans l’amour, ne songea plus qu’à consoler Djalma… Par un effort de passion surhumaine, à cette révélation du prince qui dévoilait un complot infernal, la figure de la jeune fille devint si resplendissante d’amour, de bonheur et de passion, que l’Indien, la regardant avec stupeur, craignit un instant qu’elle n’eût perdu la raison.

— Plus de larmes, mon amant adoré, s’écria la jeune fille radieuse, plus de larmes ; mais des sourires de joie et d’amour… rassure-toi ; non… non… nos ennemis acharnés ne triompheront pas.

— Que dis-tu ?

— Ils nous voulaient malheureux… plaignons-les… notre félicité ferait envie au monde.

— Adrienne… reviens à toi…

— Oh ! j’ai ma raison… toute ma raison… Écoute-moi, mon ange… maintenant, je comprends tout. Tombant dans le piège que ces misérables t’ont tendu, tu as tué… Dans ce pays… vois-tu ?… un meurtre… c’est l’infamie… ou l’échafaud… Et demain… cette nuit peut-être, tu aurais été jeté en prison ; aussi nos ennemis se sont dit : « Un homme comme le prince Djalma n’attend pas l’infamie ou l’écha-