Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/503

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mettre ceci, seulement aujourd’hui… 31 mai.

Le métis, qui ne s’émouvait guère, tressaillit brusquement, presque avec douleur ; sa figure s’assombrit encore, et, attachant sur le petit père un regard perçant, il répondit :

— Vous devez encore me dire quelques paroles.

— Il est vrai, reprit le père Caboccini, ces paroles les voici : Souvent de la coupe aux lèvres… il y a loin.

— C’est bien, dit le métis.

Et, poussant un profond soupir, il rapprocha le fragment du crucifix d’ivoire du fragment qu’il possédait déjà ; le tout s’ajustait à merveille.

Le père Caboccini le regardait faire avec curiosité, car le cardinal ne lui avait rien dit autre chose sinon de remettre ce morceau d’ivoire à Faringhea, et de lui répéter les mots précédents, afin de bien établir l’authenticité de sa mission ; le révérend père, assez intrigué, dit au métis :

— Et qu’allez-vous faire de ce crucifix, maintenant complet ?

— Rien…, dit Faringhea, toujours absorbé dans une méditation pénible.

— Rien ? reprit le révérend père étonné. Mais à quoi bon vous l’apporter de si loin ?