Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/73

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car je suis las, voyez-vous, mon ami… oh ! bien las !…

— Mais nous ne sommes pas las de vous aimer, nous, monsieur, s’écria le forgeron, de plus en plus effrayé des paroles et de l’accablement de M. Hardy. C’est à notre tour maintenant de nous dévouer pour vous, de venir à votre aide à force de travail, de zèle, de désintéressement, afin de relever la fabrique, votre noble et généreux ouvrage.

M. Hardy secoua tristement la tête.

— Je vous le répète, mon ami, reprit-il, la vie active est finie pour moi ; en peu de temps, voyez-vous, j’ai vieilli de vingt ans ; je n’ai plus ni la force, ni la volonté, ni le courage de recommencer à travailler comme par le passé ; j’ai fait, et je m’en félicite, ce que j’ai pu pour le bien de l’humanité… J’ai payé ma dette… Mais, à cette heure, je n’ai plus qu’un désir, le repos ;… qu’une espérance… les consolations et la paix que procure la religion.

— Comment ! monsieur, dit Agricol au comble de la stupeur, vous aimez mieux vivre ici dans ce lugubre isolement, que de vivre au milieu de nous qui vous aimons tant ?… Vous croyez que vous serez plus heureux ici, parmi ces prêtres, que dans votre fabrique relevée de