Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/84

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père d’Aigrigny l’a vu avec moi, il est devenu furieux ; il nous a ordonné de sortir ; mais mon brave Gabriel lui a répondu qu’il pourrait avoir à s’entretenir avec vous de graves intérêts, et qu’ainsi il resterait… Moi, moins patient, j’ai donné une bourrade à l’abbé d’Aigrigny, qui voulait me barrer le passage, et je suis accouru, tant j’avais hâte de vous voir… Maintenant… monsieur… vous allez recevoir Gabriel… n’est-ce pas ? Il n’aurait pas voulu entrer sans vos ordres… Je vais aller le chercher… Vous parlez de religion ;… c’est la sienne qui est la vraie, car elle fait du bien ; elle encourage, elle console ;… vous verrez ;… enfin, grâce à mademoiselle de Cardoville et à lui, vous allez nous être rendu ! s’écria le forgeron, ne pouvant plus contenir son joyeux espoir.

— Mon ami… non ;… je ne sais… je crains…, dit M. Hardy avec une hésitation croissante, mais se sentant malgré lui ranimé, réchauffé, par les paroles cordiales du forgeron.

Celui-ci, profitant de l’heureuse hésitation de son ancien patron, courut à la porte, l’ouvrit et s’écria :

— Gabriel… mon frère… mon bon frère… viens, viens… M. Hardy désire te voir…

— Mon ami, reprit M. Hardy, encore hésitant, mais néanmoins semblant assez satisfait de voir