Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/86

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conduit acoustique, disposé avec tant d’art, que les moindres paroles arrivaient de la pièce voisine, dans cette cachette, aussi distinctes que possible ; enfin plusieurs trous ronds, adroitement ménagés et masqués en différents endroits, permettaient de voir tout ce qui se passait dans la chambre.

Le père d’Aigrigny et Rodin occupaient alors le réduit.

Aussitôt après la brusque entrée d’Agricol et la ferme réponse de Gabriel qui déclara vouloir parler à M. Hardy, si celui-ci le faisait mander, le père d’Aigrigny, ne voulant faire aucun éclat pour conjurer les suites de l’entrevue de M. Hardy avec le forgeron et le jeune missionnaire, entrevue dont les suites pouvaient être si funestes aux projets de la compagnie, le père d’Aigrigny était allé consulter Rodin.

Celui-ci, pendant son heureuse et rapide convalescence, habitait la maison voisine réservée aux révérends pères ; il comprit l’extrême gravité de la position ; tout en reconnaissant que le père d’Aigrigny avait habilement suivi ses instructions relatives au moyen d’empêcher l’entrevue d’Agricol et de M. Hardy, manœuvre dont le succès était assuré sans l’arrivée trop hâtée du forgeron, Rodin, voulant voir, entendre, juger et aviser par lui-même, alla aussitôt