Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui… oh ! oui… il y a dans ce monde de bien horribles misères, reprit Gabriel avec attendrissement et tristesse. Oui, bien des pauvres, déshérités de toute joie, de toute espérance, ont faim, ont froid, manquent de vêtements et d’abri, au milieu des richesses immenses que le Créateur a dispensées, non pour la félicité de quelques hommes, mais pour la félicité de tous ; car il a voulu que le partage fût fait avec équité[1] ;… mais quelques-uns se sont em-

  1. La doctrine, non du partage, mais de la communauté, non de la division, mais de l’association, est tout entière en substance dans ce passage du Nouveau Testament :

    « — Tous ceux qui se convertissent à la foi, mettent leurs biens, leurs travaux, leur vie en commun ; ils n’ont tous qu’un cœur, qu’une âme ; ils ne forment tous ensemble qu’un seul corps ; nul ne possède rien en particulier, mais toutes choses sont communes entre eux ; c’est pourquoi il n’y a pas de pauvres parmi eux. » (Actes des Apôtres, no 44, IV, 32.)

    Nous empruntons cette citation à un excellent article de M. F. Vidal (de la Justice distributive. — Revue indépendante), qui renferme la remarquable et profonde analyse de différents systèmes socialistes, et de plusieurs écrits sur la même matière, par MM. Louis Blanc, Villegardelle, Pecqueur, intelligences d’élite, penseurs généreux dont s’honore le socialisme. Citons encore l’Accord des intérêts dans l’association, par M. Villegardelle, qui contient les aperçus les plus lumineux sur les immortelles théories de Fourier.