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réel avec lequel Balthazar Roger ouvrait la boîte qui devait contenir ces ignobles billets de banque.

La boîte ouverte… il ne vit rien.

Toujours calme et superbe, il ne sourcilla pas.

— Dis donc, Balthazar ? — dit Robert, qui me parut au courant des imaginations de son ami. — Et notre bain d’or ?

— Attends à demain, — répondit majestueusement Balthazar, — et au lieu de le prendre dans une ignoble et étroite baignoire, nous le prendrons dans un fleuve… notre bain d’or ! Oui, nous nagerons en plein Pactole, nous y ferons la blanche, nous y barboterons… nous y plongerons, nous en aurons par-dessus les oreilles. Et, en attendant ce fortuné moment… tu ne me quittes pas… Il y a une chambre voisine de celle-ci… tu la prendras.

— Je l’entends bien ainsi, — dit Robert. — Est-ce que tu crois que je pensais à loger ailleurs ?… Ah çà ! il faut que je fasse part de mon arrivée à mon cousin… c’est très-urgent.

— De quel cousin parles-tu ? — lui dit Balthazar. — Je suis jaloux de ce cousin-là. Comment se nomme-t-il ?

— Eh pardieu… le Baron de Noirlieu…

— Ah ! très-bien… ce farouche original. Le père de cette fille charmante… que tu…

Un signe de Robert interrompit Balthazar.

Les deux amis se regardèrent… mon trouble leur échappa.

Le baron de Noirlieu… c’était le père de Régina.