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Plus de doute, ce personnage était le comte Duriveau.

— Non, c’est inutile, Melchior, — répondit affectueusement le comte.

Puis il ajouta, en continuant de marcher, et tout en descendant le perron :

— Écoutez… j’ai à vous parler…

Et le comte gagna ainsi lentement la porte-cochère, accompagné du mulâtre auquel il parlait bas avec une certaine animation.

Profitant du moment de liberté que le hasard me laissait, je jetai de côté et d’autre des regards furtifs, curieux, inquiets : Régina habitait sans doute cette maison… je tâchais de plonger mon regard au-delà du vestibule d’où était sorti le comte Duriveau, mais je ne pus rien distinguer.

Soudain dans l’intérieur du rez-de-chaussée de la maison dont les fenêtres s’ouvraient au niveau du perron, un bruit de voix s’éleva peu-à-peu, comme si deux personnes eussent discuté très-vivement ; presque au même instant, une des fenêtres s’ouvrit violemment à quelques pas de moi, et Régina y parut la joue enflammée, les yeux brillants de larmes, la physionomie à la fois altière et douloureusement irritée.

— Non, non ! — s’écria-t-elle d’une voix altérée : — Jamais !!

Puis la jeune fille, passant sa main sur son front et semblant chercher à calmer son émotion, s’accouda un instant sur le balcon de la fenêtre, comme si elle eût voulu à la fois mettre un terme à un entretien qui l’in-