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— Ainsi que je vous en avais prévenu, M. le baron ne peut recevoir personne ni aujourd’hui, ni demain, ni après ; laissez-moi donc cette lettre, sinon, mettez-la à la poste.

Je sentis l’inutilité d’insister, et je me retirai sans laisser ma lettre, accompagné du mulâtre qui ferma la porte sur moi.

Néanmoins, en un quart-d’heure, j’avais appris bien des choses ; j’ignorais encore si elles devaient intéresser mon nouveau maître, Robert de Mareuil, autant qu’elles m’intéressaient moi-même.

Ainsi, je savais d’abord que le comte Duriveau, homme orgueilleux, égoïste et dépravé (je pouvais en croire Claude Gérard), paraissait dans des rapports assez intimes avec le baron et Régina, puisque, le lendemain, il devait les conduire au Louvre, preuve évidente que la raison du baron ne devait pas être bien dangereusement troublée, puisqu’il se proposait d’aller voir l’exposition des tableaux.

Puis, Régina semblait avoir eu ce jour-là même et aussitôt après le départ du comte Duriveau, une discussion très-vive avec le baron, sans doute discussion bien pénible, puisque la jeune fille, les yeux remplis de larmes, avait brusquement terminé l’entretien en énonçant un refus plein de résolution.

Enfin, le baron ne semblait pas avoir pour son jeune cousin, Robert de Mareuil, une sympathie fort grande, à en juger du moins par la froideur avec laquelle il avait accueilli mon message… En réunissant à ces faits le souvenir de l’inconnu du cabaret des Trois-Tonneaux, je ressentais une vague impression de crainte pour cette