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jeune fille ; peut-être sa main était-elle convoitée par ces trois personnages :

Le comte Duriveau, dont Claude Gérard m’avait révélé l’odieux caractère.

Cet inconnu qui se cachait sous des vêtements misérables pour aller s’enivrer d’eau-de-vie dans les bouges et les cabarets des barrières.

Robert de Mareuil… récemment prisonnier… pauvre en apparence, et qui, je ne sais pourquoi, m’inspirait une défiance involontaire…

Mais, hélas ! en admettant que les poursuites d’un de ces trois prétendants pussent être couronnés d’un succès funeste peut-être pour Régina… quel moyen avais-je de la protéger, contre des gens si riches, ou si haut placés dans le monde, moi, si misérable et si obscur, moi qui, dans l’espoir de me rattacher à Mlle de Noirlieu par le lien le plus fragile, venais d’accepter la domesticité chez le comte Robert de Mareuil ?

À ces questions, mon découragement parfois devenait écrasant, pourtant une voix secrète me disait de ne pas abandonner Régina, et que, si humble que fût mon dévoûment, il ne lui serait peut-être pas inutile, puisque le hasard m’avait fait du moins connaître les gens dont elle pouvait avoir à redouter les poursuites, ou dont elle ignorait sans doute les vices cachés ou les projets ténébreux.

Après de mûres réflexions, et tout en gagnant à la hâte la demeure de Balthazar, je me traçai la ligne de conduite suivante :

Tâcher d’abord de pénétrer quels étaient les desseins du comte Robert de Mareuil sur Régina ; observer, étudier