Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/303

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— Oui, nous en répondons, — m’écriai-je. — Balthazar Roger, le poète, un de mes maîtres, est fanatique du talent de Basquine. Un journaliste influent de ses amis partage cette admiration… il n’y a pas de meilleur cœur que celui de Balthazar… il aura été navré de l’événement de ce soir, ma pauvre Basquine… Je me fais fort de l’engager à te recommander de toutes ses forces à son ami le journaliste.

— Et une fois lancée par les journaux, — s’écria Bamboche, — c’est toi, Basquine, toi, qui dicteras les conditions… Quand je te disais que nous te ferions engager comme premier rôle… Quant à toi, Martin… ou plutôt quant à Mlle Régina, qui maintenant n’aura pas de serviteur plus zélé que moi, puisque tu l’aimes autant que tu la respectes, elle ne tombera pas entre les mains de Robert de Mareuil… c’est moi qui te le dis, tu ne sais pas ce que c’est que cet homme-là… je suis un saint auprès de lui… mais, sois tranquille, on le démolira, et une fois celui-là démoli (il paraît que c’est le plus menaçant), nous nous occuperons des autres… du prince de Montbar et du père de ce gredin de petit vicomte… Ça fera deux bouchées… pas plus… À quelle sauce les mangerons-nous ? Je n’en sais rien, mais nous le trouverons… nous venons bien, grâce à toi, de trouver le moyen de faire engager Basquine…

Et comme je paraissais douter un peu de ses procédés expéditifs et immanquables, Bamboche ajouta :

— Si tu dis un mot de plus, je m’engage formellement à te faire épouser Mlle Régina… Mais non, — reprit aussitôt Bamboche en me tendant la main d’un air repentant, — pas de plaisanteries avec ce nom-là…