Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/302

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car, après tout… qu’est-ce que cela fait ? Basquine et toi, m’aimez-vous moins parce que je suis un sacripant… en attendant que je devienne cent fois pis ? Non… vous m’aimez comme je suis…

— Parce qu’il y a encore en toi d’excellentes qualités, — dis-je.

Il secoua la tête, et me répondit :

— Je n’ai que deux qualités : Être à Basquine, à la vie, à la mort, et d’une ; être à toi, Martin, à la vie, à la mort… et de deux… c’est le fond de mon sac… Mais qu’est-ce que cela fait ? Basquine et moi, t’aimons-nous moins, parce que tu es aussi haut par le cœur que nous sommes bas ? Non, nous t’aimons comme tu es… Mais où nous sommes égaux et pareils, c’est par notre dévoûment les uns pour les autres… Quant à cela, vois-tu ? Martin, ne fais pas le fier… je te vaux, et Basquine nous vaut tous les deux. Nos confessions ont eu cela de bon, qu’elles nous apprennent que nous avons besoin les uns des autres ; quant aux moyens de nous aider, nous les trouverons… et, comme je ne m’embête pas… pensons d’abord à moi… Pour le quart-d’heure, je n’ai besoin de rien du tout. Restent vous deux : Basquine et Martin… Il faut que Basquine, malgré sa chute de ce soir aux Funambules, conserve en province l’engagement qu’elle espérait… ou plutôt, mieux que cela… il faut qu’elle ait un superbe engagement à Paris.

— Comment cela ? — dit Basquine.

— Que le diable m’emporte, si je le sais, — dit Bamboche ; mais tu l’auras, et un engagement de premier rôle encore, j’en réponds…