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de poste qui entraient dans la cour de la maison. À ce bruit, Robert tressaillit de joie, et de ce moment il contraignit si peu son impatiente anxiété que, se levant de sa chaise avant la fin de la cérémonie, il prit Régina par la main, et lui dit d’une voix précipitée :

— Partons, Régina… partons… nos moments sont comptés…

La jeune fille jeta sur le comte un regard surpris, et d’un geste expressif sembla le rappeler aux convenances qu’il oubliait si étrangement. Le comte se mordit les lèvres, ses traits se contractèrent, et le bout de son pied frappa convulsivement le plancher, jusqu’au parfait accomplissement de la cérémonie sacrée.

— Venez… vite… — dit alors le comte à la jeune fille.

Et la prenant brusquement par la main, il fit un pas pour s’éloigner de l’autel, mais Régina, se dégageant de la main du comte, et s’adressant au prêtre, lui dit d’une voix remplie de douceur et de dignité :

— Mon père… maintenant que j’ai l’honneur de porter le nom de M. de Mareuil… maintenant que, bénie par vous, notre union est indissoluble et sacrée, je puis vous exprimer ma profonde reconnaissance pour le saint concours que vous venez de nous prêter. Ce concours me prouve assez, mon père, qu’instruit de tout par M. de Mareuil, vous approuvez ma conduite, et que vous appréciez la gravité des circonstances qui m’ont forcée à contracter mystérieusement un mariage qui demain ne sera secret pour personne.

— Régina… — s’écria Robert de Mareuil en frap-