Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/317

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pant du pied, — vous ignorez le prix du temps que nous perdons…

— Qu’avez-vous, mon ami ? — lui répondit la jeune fille, — que craignez-vous ? ne suis-je pas votre femme devant Dieu et devant les hommes ? Est-il, à cette heure, une puissance humaine qui puisse rompre… nos liens ?

— Non… oh ! non… — s’écria Robert avec un accent de triomphe, — Régina, vous êtes à moi… pour toujours vous êtes ma femme !

— Ah bah !… tu crois cela, toi ? — dit tout-à-coup l’un des deux hommes qui avaient servi de témoins au mariage.

Cet homme était Bamboche…

— Vraiment ! Monsieur le comte — reprit-il, — tu crois que Mademoiselle est ta femme ?…

À ces mots de Bamboche, Robert de Mareuil, livide, effrayant de rage et de désespoir, s’élança d’un bond sur mon ami d’enfance ; mais celui-ci, d’une force athlétique, lui prit les deux mains, et le contenant malgré ses efforts, dit à Régina, d’un ton respectueux :

— Excusez-moi, Mademoiselle… mais il fallait laisser aller les choses jusqu’au bout, vous allez maintenant tout savoir.

À ces mots le prêtre, qui se préparait à sortir de la chambre, s’arrêta aussi stupéfait que le compagnon de Bamboche… le second témoin… qui n’était autre que le cul-de-jatte.

Régina promenant tour-à-tour ses regards effarés sur les acteurs de cette scène, incompréhensible pour elle, restait immobile comme une statue.