Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/367

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— Mais, j’y songe, cet homme d’un si grand cœur était instituteur de village, m’as-tu dit ?

— Oui, Monsieur, il se nommait Claude Gérard,

— N’était-il pas instituteur d’un village près Évreux ?

— Non, Monsieur ; la commune où il enseignait était dans le Midi…

— Alors ce n’est pas lui, — me dit mon maître.

— Comment cela, Monsieur ?

— Dans sa dernière lettre, mon fils, qui est chargé de travaux géologiques du côté d’Évreux, me dit que, logeant pendant quelques jours dans un village du pays, il a rencontré là, par hasard, un pauvre instituteur communal, dont il ne me dit pas le nom, mais dont le caractère et l’esprit l’ont si vivement frappé, qu’il m’a écrit : — Mon père, cet homme est un des nôtres… et…

— C’est Claude Gérard ! — m’écriai-je ; — ces paroles de M. votre fils m’en assurent. Oh ! soyez béni, Monsieur, c’est à vous que je devrai de le retrouver.

— Ne m’as-tu pas dit cependant que la commune à laquelle il appartenait se trouvait dans le Midi ?

— Oui, Monsieur ; mais au moment où je l’ai quitté, il devait, à son grand regret, être changé de résidence, et… il ignorait encore où l’on devait l’envoyer… Toutes les lettres que je lui ai adressées l’ont été à son ancienne commune… Était-il déjà parti lorsqu’elles sont arrivées ? ne lui ont-elles pas été remises ? ont-elles été égarées en route ? je l’ignore ; mais il ne les a certainement pas reçues, car il m’eût répondu… Mais c’est de lui, oh ! j’en suis sûr, Monsieur… c’est de lui que M. votre fils vous parle… car Claude Gérard est, en effet, digne d’être un des nôtres.