Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/368

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— Maintenant, je le pense comme toi ; aujourd’hui même j’écrirai à Just, je lui demanderai si l’instituteur dont il m’a parlé se nomme Claude Gérard, et sous peu de jours, nous saurons à quoi nous en tenir… Maintenant, donne-moi mon déjeuner.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lorsque mon maître eut pris son frugal repas, il me donna une clé, et m’indiquant un vieux meuble d’acajou, composé de plusieurs tiroirs étages au-dessus les uns des autres :

— Ouvre le premier tiroir de ce meuble… et donne-moi un grand registre qui s’y trouve.

J’obéis, et je remis à mon maître une espèce d’in-folio à dos de basane, relié en parchemin vert, in-folio qui, à sa vétusté, à ses brisures, paraissait dater de bien des années.

Le docteur ouvrit ce registre, déjà presque entièrement rempli sans doute, car il écrivit quelques lignes sur l’une des dernières feuilles ; comptant alors celles qui restaient, il dit en se parlant à lui-même :

— Oh ! il en restera bien assez.

Puis après avoir pendant un instant regardé ce registre d’un air à la fois satisfait et mélancolique :

— Tiens… remets ce registre à sa place, — me dit-il, — tu ouvriras ensuite le tiroir du dessous, et tu y mettras ces billets.

Ce disant, il me remit les dix billets de mille francs restant des vingt mille francs reçus de ce marquis avare et millionnaire, si rudement rançonné le matin.

Et comme j’exécutais ses ordres, il ajouta :