Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/393

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— Monsieur…

— Non pour que tu restes oisif, l’oisiveté déprave, mais tu auras ainsi le moyen d’arriver à quelque carrière honorable… À ton âge, avec ton amour du travail, tu parviendras… Te sens-tu quelque vocation déterminée ?

— Monsieur… — lui dis-je en hésitant.

— La domesticité ne te convient pas… telle du moins qu’elle est malheureusement comprise et pratiquée ; car, selon moi, le serviteur devrait faire partie de la famille… et, dans cette condition aussi, il est de grandes réformes à provoquer… Oh ! le temps… le temps ! — s’écria-t-il avec une expression de douloureux regret, puis il ajouta : — Revenons à toi.

— Je sais, Monsieur, que jamais je ne rencontrerai un maître comme vous… cependant…

— Tu voudrais encore servir ?… — me dit le docteur en me regardant avec stupeur.

— Oui… Monsieur… mais…

— Mais ?

— Il n’est qu’une personne au monde que je voudrais servir…

— Qui cela, mon fils ? peut-être ?

— Non, Monsieur… quoique je sache toute la noblesse de son cœur.

— Qui donc voudrais-tu servir alors ?

— Monsieur… accordez-moi une grâce.

— Parle.

— Soyez assez confiant en moi pour me promettre de ne pas m’interroger sur les motifs de la demande que je