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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Un premier voyage de MM. de la Dauversière et de Fancamp dans le Lyonnais, où se trouvait alors M. de Lauson, n’avait produit aucun résultat définitif ; car, sans avoir encore pris de mesures pour défricher l’île de Montréal, M. de Lauson conservait cette propriété en faveur de son fils François, à peine âgé de six ans à cette époque. De nouvelles démarches étant désirables, le père Charles Lalemant accompagna M. de la Dauversière auprès de M. de Lauson, qui ne sut point résister aux instances du missionnaire, et l’acte qui suit fut passé aux noms de la Dauversière et Fancamp — les autres associés ne voulant point publier leurs noms en ce moment pour des motifs d’humilité[1] :

« Par devant le notaire royal de la ville de Vienne… fut présent et personnellement messire Jean de Lauzon[2], conseiller du roi en ses conseils d’État et privé, intendant de la justice, police et finance en Dauphiné, lequel… a transporté purement et simplement… à Pierre Chevrier, écuyer, sieur de Fouancant, et à Jérôme le Royer, sieur de la Dauversière, demeurant en la ville de la Flèche, en Anjou (le dit sieur Chevrier absent, et le sieur le Royer, tant en son nom privé que comme procureur du dit sieur Chevrier, par acte passé au sujet des présentes par devant maîtres de la Fousse[3] et Jacques Guillier, notaires royaux et tabellions au dit la Flèche, le 12 juillet dernier, icelle procuration exhibée…)… à savoir : l’île de Montréal, toute ainsi qu’elle a été donnée par la compagnie de la Nouvelle-France à messire Jacques Girard, chevalier, seigneur de la Chaussée, par acte du 15 janvier 1636… duquel sieur Girard le dit sieur de Lauzon a droits à la dite île de Montréal par déclaration du treize (lisez le 30) avril 1638… aux charges et conditions… de l’acte du 15 janvier 1636… Fait et récité au dit Vienne, dans l’hôtel de Maugiron, où habite le dit sieur de Lauzon, le 7 août 1640 après-midi. Présents : sieur Polidor Duteil, secrétaire du sieur de Lauzon, et sieur Marc Justeau sieur de la Plaine, du pays d’Angers, habitant au dit Vienne… signé : De Lauzon, Le Royer, Duteil, Justeau[4]. » Le notaire se nommait Courdon.

À qui devait-on confier le commandement de l’expédition ? Il fallait un militaire, un bon chrétien, un homme dévoué et qui eût la vocation de ces sortes d’entreprises. Ici, de nouveau, la Providence servit à souhaits les amis du Canada. Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, était fils unique d’un gentilhomme de la Champagne. Dès l’âge de treize ans, il avait commencé à se former au métier des armes dans la guerre de Hollande, et, au milieu des camps comme à la ville, conservait une vie pure qu’il devait en partie à l’influence qu’exerçait sur lui sa sœur, la mère Louise de Sainte-Marie, religieuse de la Congrégation de Troyes, en Champagne. Celle-ci manifestait le désir de se rendre dans la Nouvelle-France pour partager les travaux des ursulines et des hospitalières. Se trouvant à Paris, chez un avocat de sa connaissance, le digne officier y lut une Relation dans laquelle il était parlé du père Charles Lalemant, revenu depuis peu de Québec. Il alla visiter ce missionnaire, lui

  1. Dollier de Casson : Histoire du Montréal, 15, 22 ; Faillon : Histoire de la colonie, 1, 393-5 ; Société historique de Montréal, 1859, pp. 68, 84-5.
  2. Les membres de cette famille signaient : Lauson, Lauzon, De Lauson, De Lauzon, Delauson.
  3. Pierre de la Forest.
  4. Société historique de Montréal, 1869, p. 247.